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Un Kollectiv’ Peut en Cacher UNE Autre…

Afin que de fêter dignement cette unique Journée de la Femme – et sans doute pour se faire pardonner de ses nombreuses exactions menées contre l’autre « sexe », le restant de l’année… – Jacques 2 Chabannes (Kollectiv’Mode/Fiche Mâle !) rouvre ses archives et nous fait don d’une nouvelle COMPLÈTE attachée à ce jour polémique. Une généreuse offrande accompagnée de TROIS courtes émissions de radio entièrement dédiées à TROIS grandes artistes FÉMININES, injustement oubliées du temps, qui enregistrèrent leurs chefs d’œuvres en des années mythiques et polémiques, portées sur le changement, en tout cas…

Enjoy !

 

Visuel couv-meumeubleDUR DE LA FEUILLE
(Duck And Cover…)

Un conte moderne de Jacques 2 Chabannes
Disponible sur le site « en physique », accompagné d’une autre nouvelle inédite (celle-là)

 

« Parce que la Femme est un voisin comme les autres… »

 

Préquelle :

Juste un bulletin d’informations – court, informel, mou de la syntaxe – et voici la vie de Jean-Paul Martin qui bascule sans prévenir dans l’horreur la plus noire : la pire de toutes, celle qui a deux grandes dents pointues devant qui dépassent depuis l’ombre, attirent le regard et éclipsent finalement toute velléité d’ailleurs !

La Ciotat (Bouches-du-Rhône), samedi 8 mars 2010 :

Alors qu’il « médite » encore sur le contenu de la page Sports de La Provence, posé face à un petit café amplement « arrosé », Jean-Paul Martin se sent comme soufflé par le contenu de LA nouvelle du jour affiché en « Une ». Un petit article, gentiment troussé, lui apprenant tout de go qu’il existerait bel et bien une Journée de la Femme. Une incongruité déjà bien entamée depuis l’aube, mais néanmoins toujours légalement accessible jusqu’à minuit la fatidique. Une révélation qui lui fige le palpitant, lui retourne foie et tripes, le cloue profond sur place, palais asséché d’autant.

Quittant ex abrupto la mythique Brasserie du Vieux Port (son véritable foyer, sa destination quotidienne et privilégiée) il décide de laisser une chance à cette curieuse initiative, et ce, de la plus surprenante des façons : « Aujourd’hui, je ne toucherai pas à une seule petite goutte d’alcool, pas une. Rien. C’est promis et juré ! ».

Une décision, pour le moins courageuse et louable (soit) mais qui aurait mérité de rester « fille unique », histoire d’éviter l’irruption malencontreuse, du quasi suicidaire :

« Non seulement, je ne rentrerai pas bourré, ce soir, non, mais, en plus… je la traiterai pas de tous les noms si elle me braille encore dessus comme une possédée et qu’elle me confisque les bouteilles avant de passer à table ! D’ailleurs, le dîner, c’est moi qui vais le préparer, ha ! Voilà, c’est dit ! Et peut-être même que, ce soir, après, beaucoup plus tard… je lui offrirai aussi… ce que j’ai de plus gros ! » (raille-t-il alors à voix grasse, ravi de son bon mot, apprivoisant l’apesanteur comme jamais à ce jour parce que flottant littéralement de légèreté au-dessus de la chaussée).

Sorti en effet précipitamment du bar sous un déluge de rires moqueurs et vannes sonores de comptoir en provenance de ses plus fidèles compagnons de tournées, il se dirige tout droit vers le marché afin d’y mettre ses toutes dernières bonnes résolutions en pratique. Une bonne heure plus tard, après moult tergiversations, interrogations légitimes et demandes enfiévrées auprès de la gent commerçante de plein air, le voici revenu en ses murs, sûr de lui et de son choix. Il possède désormais de quoi leur préparer à tous deux un véritable repas de « fête », nanti, en outre, d’un beau canard VIVANT ! (tremblant de toutes ses plumes et remuant sans cesse du bec). Un palmipède bien gras du magret et promis aux affres de la rôtissoire maison qui gigote et se plaint, qui donne de la voix à pleins poumons : tentant ainsi d’alerter le vaste monde sur la tristesse de sa condition d’otage alimentaire, sur son devenir cutané, rissolé et craquant.

« Il est près de 14 heures, le temps presse ! » (déclame alors à haute voix, notre « born again cuisinier », plus que ravi : quasi impatient de pouvoir enfin en venir aux mains avec les divers ustensiles ménagers prévus à cet effet).

Équipé d’une hache de belle taille et d’une « feuille » de boucher, notre homme se tient fermement campé sur ses jambes, se préparant à trancher net le cou gracile de l’animal sans défense, qui, avisant l’œil décidé du bipède bientôt meurtrier qui lui fait face, se met aussitôt à pédaler des « papattes » sans faiblir. C’est à ce moment très précis, que quelque chose d’étrange, de surprenant, d’inattendu du quotidien, s’en vient perturber la logique implacable de ce rapport de force séculaire. Quelque chose qui heurte de plein fouet notre bourreau jusqu’à ralentir et finalement arrêter son bras armé velu (et les vagues projets cuisiniers qui en découlaient). Touché par le regard attendrissant du volatile, littéralement bouleversé par les cris rauques poussés par cette bête en grande détresse – en route vers le douloureux trépas carnivore de légende – Jean-Paul semble hésiter de prime abord, puis se met carrément à reculer de deux ou trois pas, avant de filer vite au salon pour s’y servir un grand verre de rhum afin de se donner du courage. Attaché sur la table, laissé seul désormais – mais n’ayant pas renoncé pour autant à se débattre pour tenter de regagner sa liberté chérie – le canard continue à crier sans faiblir, à l’implorer et rouler des yeux effarés, tandis que les verres et les verres, succèdent aux verres…

Deux bonnes heures plus loin (une bouteille et demie, en gros !) revenu titubant sur les lieux du présumé futur crime, notre Jean-Paul gît de pathétique sur sa chaise bon marché : inerte, comme sans vie, à moitié allongé sur la petite table encombrée de la cuisine. Ayant, en sus (mal)proprement sifflé le cognac « trois étoiles » initialement prévu pour la farce, il ronfle fort et grogne sans discontinuer dans son sommeil, visage lourdement encastré au plus froid du lisse et fonctionnel formica…

Deux heures pleines, amplement mises à profit par le canard pour se libérer de son sort en frottant énergiquement ses liens contre la lame de la hache abandonnée tout à côté.

Enfin libre, notre gallinacé a pour unique projet de vider les lieux en silence pour s’enfuir au plus loin de cette ville agressive, hostile, afin de gagner rapidement la clandestinité, puis, l’étranger. Hélas, ce maladroit en col vert se prend bêtement les « papattes palmées » dans le désordre ambiant et renverse la bouteille de rhum vide qui roule hors de la table et se brise illico sur le sol. Avec fracas ! Réveillé en sursaut par l’inconscient maladroit au bec proéminent, Jean-Paul tente immédiatement de sauter au cou de l’animal. Lors, à sa grande surprise, celui-ci s’empare de la hache et lui fait face, désormais, l’air menaçant, se préparant apparemment à vendre chèrement sa pauvre peau de volatile d’élevage en sursis…

Encore un rien engourdi par l’alcool, Jean-Paul tente néanmoins une habile manœuvre frontale, mais glisse malencontreusement, lâche prise, et ne fait finalement qu’effleurer l’emplumé belliqueux. Perdant définitivement l’équilibre, il s’affale lourdement aux pattes de l’agile animal,  qui l’esquive sans forcer. Profitant de ce fragile et inattendu avantage, celui-ci choisit alors de lancer son attaque et porte l’estocade. Il bondit au-dessus de la table, et, d’un geste vif, quasi chirurgical, lui entaille la cuisse « profond » sur une bonne vingtaine de centimètres…

Ville de La Ciotat (ce même jour),  maison des Martin (19 h GMT !) :

Lorsque Magali (sa légitime) ouvre en grand la porte du domicile familial – pestant et bougonnant à l’envi contre un voisin vaguement impoli qui lui aurait « manqué de respect ! » dans l’allée – elle retrouve notre Jean-Paul dans un bien triste état : allongé à même le sol, inerte, baignant dans une petite flaque de sang, plumes tachées et bris de verre, mêlés. Ayant humé puis reniflé les habituels effluves d’alcool l’environnant – en se penchant au plus près de son ignoble moitié – elle se décide à le réveiller d’un coup de pied puissant, impérieux, ajusté, indélicat. Naseaux distendus sur visage empourpré, elle se prépare à lui passer un virulent « savon maison », lorsque, l’interrompant tout net, un bruit peu habituel, suivi d’un énorme vacarme, se fait entendre à l’opposé de la pièce ; perturbée de l’attention, elle se dirige alors tout de go vers l’origine présumée du dérangement.

Ayant gagné la salle à manger au plus vite, elle manque de s’évanouir en découvrant l’étendue du carnage. Une vision qui la cueille durement au foie, qui lui glace illico, sang, respiration, et petites mauvaises humeurs !

L’ensemble de la pièce semble en effet, sens dessus dessous. Dévastée. Totalement méconnaissable. Des boîtes de biscuits et céréales ouvertes en jonchent le sol, un peu partout autour. Comme déchirés, griffés, maladroitement éventrés, des paquets de riz, blé et farine, déversent mollement leur contenu sur la moquette écrue, épaisse. Près de la table basse, des revues « X » recouvrent l’épais tapis persan (acheté il y a peu en soldes à la sortie d’une bouche de métro marseillaise) : entassées à la va-vite, empilées les unes sur les autres et visiblement maculées du plus laid des liquides…

Au beau milieu de cet indescriptible naufrage ménager, posté bien au centre du bordel ambiant, assis au plus moelleux du large canapé de cuir, un simple… canard ! Un vulgaire col-vert luisant du poil et un rien grassouillet. Cigare en pogne, manifestement « bourré », sans vergogne, celui-ci chante à tue-tête le fameux All night long de Lionel Ritchie, tout en mirant l’antique vidéo de leur mariage : ne cessant de se fouiller l’entrecuisse de petits coups de bec experts entre chaque refrain ! En furie, l’entendement aux abonnés absents – mais étonnamment maîtresse de ses nerfs, vu le contexte – Magali s’en retourne d’un pas décidé vers la cuisine, s’empare de la hache effilée, ensanglantée, et, d’un seul coup, d’un seul, s’en vient couper net le cou du pauvre canard « maricide »…

Avait-elle su sublimer ses réflexes urbains, citadins ? Ou bien agi par pur atavisme paysan ? (se remémorant alors ses jeunes années passées dans les fins fonds du bout du bout nord nord-est du Lot) nous ne le saurons sans doute jamais. Nope. La profonde nature féminine, restant, par essence, mystérieuse et totalement interdite d’accès au mâle braillard et scribouillard,  que je suis.

Quoi qu’il en soit, le lendemain, en toute fin de matinée, à peine sorti des urgences du Centre hospitalier de La Ciotat, Jean-Paul Martin eut la mauvaise surprise de retrouver ses maigres effets personnels posés en petit tas au-dehors, sur le pas de la porte : mal emballés, comme fourrés à la hâte dans deux gros sacs poubelles et une antique valise défraîchie (fermée d’une corde) ayant en son temps appartenu à feu Georgette Martin, sa mère.

Après une longue nuit passée à revoir (encore et toujours) défiler devant ses yeux gonflés d’infortune maritale, les images de ce drame cuisinier sans nom, Magali venait enfin de se décider. Ne sachant plus comment composer ou réagir, face à cet homoncule fait mari – « ce chômeur-fainéant-de longue durée-alcoolique-qui bande mou-au vin violent ! » – qui lui pompait depuis bien trop longtemps, au quotidien, énergie et compte en banque, elle avait opté pour le rassérénant célibat (option divorce sans concessions). Le renvoi du domicile familial, avec effet immédiat.

« Tu n’es qu’un pochard sans parole. Un clochard ! Un pauvre type sans égards, même pas foutu de m’offrir des fleurs une fois l’an à l’occasion de mon anniversaire, ou… de la Journée de la Femme… Tiens ! Tu savais que c’était aujourd’hui ? Mais, non ! Même pas ! Évidemment ! Tu n’es qu’un moins que rien, un, un… un mec sans couilles, en somme, voilà ! Voilà pourquoi c’est fini entre nous. Fini ! En clair… tu te casses d’ici… de, chez MOI… et tout de suite ! »

(Avait-elle lancé froidement au pauvre Jean-Paul, avant de lui claquer sèchement la porte au nez et manquer par là même de lui ouvrir le crâne avec la lourde et moche poignée de fer forgée, sept années plus tôt, à leurs… initiales).

Séquelles :

Une bien triste histoire, en somme – marquée du sceau rouge sang de l’incommunicabilité assumée entre les sexes ! – qui interroge et interpelle pleinement sur l’existence même de cette énigmatique, fameuse et annuelle, Journée de la Femme. Parce que, en ce cas, que faire durant les 364 jours restants ? Sinon célébrer sans retenue l’éternel masculin, son auguste virilité baignée de testostérone qui bouillonne et se répand sans compter un peu partout alentour, et ses diverses actions érectiles, souvent consommées de degrés… sans modération ?

 

 

À ÉCOUTER !!! 

Shocking Blue

http://www.radiogrenouille.com/audiotheque/serial-losers-shocking-blue/

« At Home » (1969)

Un hit légendaire (Venus) des mélodies et arrangements gracieux, des guitares inventives, le tout augmenté de la seule chanteuse capable de rivaliser en son temps avec Grace Slick (Jefferson Airplane) vocalement parlant ! Juste histoire de nous rappeler que La Hague (Pays-Bas) fut pour un court laps de temps, LA « jumelle » de San Francisco

Destiné à celles et ceux qui auraient « oublié », que Love Buzz n’est PAS un morceau écrit par Kurt Cobain…

 

 

Bobbie Gentry

http://www.radiogrenouille.com/audiotheque/serial-losers-bobbie-gentry/

« The Delta Sweete » (1968)

Une noire histoire de suicide, indexée sur fond d’amour déchu, nommée

« Ode To Billie Joe », qui devient subitement un hit énorme puis sacre son auteure, avant que de la « sabrer » en suivant (un an après, en gros !) à l’occasion de la sortie de l’épastrouillant : « The Delta Sweete ».

Un « concept » album qui fleure bon le Sud « profond » des States, sa lenteur, sa moite quotidienneté. Un vibrant hommage adressé à l’enfance (de LA Bobbie) : baigné de blues, de violons, de guitares et rondes basses, qui évoque tout aussi bien Tony Joe WhiteDusty Springfield, ou Nancy Sinatra !

 

 

Marva Whitney

http://www.radiogrenouille.com/audiotheque/serial-losers-marva-whitney/

« It’s My Thing ! » (1969)

Un truc qui crie, qui racle, qui groove, qui aboie, qui feule, qui se love ; qui tire sur les hauts, les bas, les résilles, les cordes sensibles ; qui hurle sa rage de vivre et d’en découdre pleinement avec un monde resté désespérément figé en mode « passé » (malgré les remugles odeurs et séquelles des récents « évènements sous pavés »). Portée par les incomparables JB’s de James Brown : la Marva fait couler moult encre, foutre, sang et sueur, sans jamais compter fainéanter ou mégoter sur les moyens employés. Un truc unique…

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